L’octroi d’un prêt syndiqué en devises étrangères à l’État par les banques tunisiennes intervient alors que le pays peine à mobiliser des financements extérieurs, en l’absence d’un accord définitif avec le FMI sur un programme d’aide de 1,9 milliard de dollars.
Un Accord Crucial en Temps de Crise
Le gouvernement tunisien a signé, le jeudi 16 mai 2024, un accord de prêt syndiqué en devises étrangères de 185 millions de dollars avec un pool de 16 banques locales pour financer le budget de l’État. Ce prêt comprend 156 millions d’euros et 16 millions de dollars, selon un communiqué publié par le ministère des Finances.
« Ce prêt, qui s’inscrit dans le cadre de la mobilisation des ressources d’emprunt prévues par la Loi de finances 2024, est considéré comme une forme de financement appropriée en termes de durée de remboursement, de coût et de contribution à la stabilité de la réserve monétaire », a déclaré la ministre de l’Économie, Sihem Boughdiri Nemsia, en soulignant « le rôle central du secteur bancaire dans le financement de l’économie nationale ».
Le Soutien Indispensable du Secteur Bancaire
Les représentants du secteur bancaire tunisien ont affirmé leur disposition à « continuer à soutenir les efforts de l’État pour parvenir à l’autonomie financière en mobilisant les ressources internes, assurer la stabilité à tous les niveaux et contribuer au maintien des équilibres financiers de l’État ».
Cet octroi de prêt par des banques locales intervient alors que la Tunisie peine à obtenir des financements extérieurs, en raison de l’absence d’un accord définitif avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un programme de 1,9 milliard de dollars.
Contexte des Négociations avec le FMI
Le pays d’Afrique du Nord avait signé en octobre 2022 un accord préliminaire avec le FMI sur ce programme, mais les négociations avec l’institution financière multilatérale ont été suspendues quelques mois plus tard. Le président Kaïs Saïed a rejeté, en avril 2023, les « diktats » du FMI qui conditionnent le décaissement des financements à des réformes économiques drastiques. Parmi celles-ci, la levée des subventions aux produits de base, la réduction de la masse salariale dans le secteur public et la privatisation des entreprises publiques. Le président a exprimé ses préoccupations, indiquant que de telles réformes pourraient « mener à davantage d’appauvrissement » et « provoquer des émeutes sanglantes semblables à celles déclenchées en 1984 par l’augmentation du prix du pain ».
Perspectives et Défis
L’obtention de ce prêt syndiqué constitue une bouffée d’oxygène pour les finances publiques tunisiennes. Cependant, elle met en lumière les défis persistants auxquels le pays est confronté pour assurer sa stabilité financière et économique. En l’absence d’un soutien international solide, la Tunisie doit s’appuyer sur ses ressources internes et le soutien de ses institutions financières locales pour naviguer à travers cette période difficile.
Le prêt syndiqué de 185 millions de dollars représente une étape importante vers la stabilisation des finances publiques, mais il reste crucial pour le gouvernement de poursuivre des réformes structurelles adaptées à son contexte socio-économique, tout en cherchant des solutions pour relancer les négociations avec les institutions financières internationales.
En unissant les efforts de tous les acteurs économiques, la Tunisie peut espérer surmonter ces défis et se diriger vers une économie plus résiliente et autonome.