Face aux enjeux climatiques, il est urgent d’opérer une transition vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement et de la biodiversité. La crise agricole mondiale de 2024 a mis en évidence la nécessité d’une approche collaborative, impliquant tous les acteurs de notre société, et pas seulement les agriculteurs et agricultrices. Ensemble, nous pouvons relever le défi de la transition agroécologique et atteindre notre objectif commun de neutralité carbone d’ici 2050.
L’Agroécologie : Produire de Manière Plus Résiliente
L’agriculture joue un rôle crucial dans nos sociétés : assurer une alimentation saine et durable à toutes et tous. Toutefois, on attend aujourd’hui également qu’elle contribue à atténuer les effets du changement climatique. Les agriculteurs sont les premiers touchés par ces bouleversements, mais ils ont le pouvoir d’en réduire les impacts en adoptant un modèle agricole plus durable, moins émetteur de gaz à effet de serre et fondé sur la régénération des écosystèmes naturels.
En Tunisie, comme dans de nombreux pays, l’agriculture représente une part significative des émissions de gaz à effet de serre. Le modèle agricole intensif actuel, marqué par une dépendance excessive aux intrants chimiques, la monoculture et l’exploitation non renouvelable des ressources naturelles, est très émetteur de gaz à effet de serre et entraîne une dégradation environnementale généralisée : pollution des sols, des cours d’eau et des écosystèmes, menace pour la biodiversité et la santé humaine.
L’agroécologie, quant à elle, a démontré son efficacité sur le plan agronomique. Elle permet de réduire l’empreinte environnementale de l’agriculture, en favorisant la résilience des écosystèmes, la régénération des sols – qui deviennent de véritables puits de carbone – et la préservation de la biodiversité. De plus, par la diversification des cultures et la relocalisation des productions, elle contribue à la sécurité et à la souveraineté alimentaire des territoires, tout en revitalisant les zones rurales.
Un Engagement Collectif pour une Transition Réussie
Pour que la transition agroécologique porte ses fruits, elle ne peut pas reposer uniquement sur les épaules des agriculteurs militants, ni être imposée aux indifférents. Elle doit être entreprise collectivement, par l’ensemble de la société : agriculteurs et consommateurs bien sûr, mais aussi décideurs politiques et entreprises en lien direct ou indirect avec cet amont agricole.
Soutien et Formation des Agriculteurs
Pour enclencher cette dynamique collective, il est essentiel de soutenir les agriculteurs dans leur transition vers des méthodes de production plus durables en leur offrant des formations adaptées, des financements à la hauteur des enjeux et des infrastructures appropriées. En Tunisie, des programmes de formation et d’accompagnement technique peuvent jouer un rôle crucial dans la diffusion des pratiques agroécologiques. Il est également nécessaire de promouvoir les échanges de savoir-faire entre agriculteurs, chercheurs et techniciens.
Politiques et Réglementations Favorables
Les gouvernements nationaux et régionaux doivent également élaborer des politiques et des réglementations favorisant l’agroécologie et décourageant les pratiques agricoles néfastes pour l’environnement. En Tunisie, une politique agricole alignée sur les principes de durabilité et de résilience climatique est indispensable.
Responsabilité des Entreprises et des Consommateurs
Il est également crucial d’étendre les contraintes normatives à l’ensemble de la chaîne de valeur agricole, des industries de transformation aux distributeurs. Les entreprises doivent revoir leurs chaînes d’approvisionnement et leurs pratiques commerciales pour promouvoir des produits issus de l’agroécologie. Les consommateurs ont, eux aussi, un rôle à jouer en faisant des choix éclairés pour soutenir les agriculteurs et les entreprises qui ont des pratiques durables. En Tunisie, la sensibilisation des consommateurs à l’importance de l’agroécologie et la promotion de labels certifiant des pratiques durables peuvent stimuler la demande pour des produits plus respectueux de l’environnement.
Le Levier du Carbone pour Partager les Risques
Toute transition vers un nouveau modèle comporte des aléas et donc des risques. Il est donc essentiel de partager ces risques et de créer un environnement favorable à l’adoption généralisée de pratiques agricoles plus durables. Cela implique d’identifier les risques et de développer des mécanismes collectifs pour les atténuer, tels que la recherche sur les pratiques et technologies agroécologiques, les assurances agricoles ou le partage du risque financier par la contribution des entreprises.
Vers un Futur Fertile et Bas Carbone
La transition agroécologique est un défi collectif nécessitant l’engagement de tous les acteurs de la société. En unissant nos forces, nous parviendrons à opérer la transition écologique de notre modèle agricole vers un futur fertile et bas carbone. Pour la Tunisie, cette transition est une opportunité de renforcer la résilience de son agriculture face aux changements climatiques, de protéger sa biodiversité et d’assurer la souveraineté alimentaire de ses territoires. Ensemble, nous pouvons relever ce défi et construire un avenir durable pour les générations futures.